Femme de dos, montant les marches d'une ruine dont la façade est recouverte de graffitis à Goussainville
© MVV/Val d'Oise Tourisme
On a testé pour vous

La balade à Goussainville… Ambiance!

C’est quoi ce « village fantôme » dont on parle sur internet ? Il y a du mystère là-dessous. Ma curiosité est piquée par tous ces reportages qui évoquent une ambiance très particulière. Je décide donc d’aller sur place. Attention GPS, ne pas se tromper. On ne va pas à Goussainville la ville moderne, mais à côté, dans le «vieux pays », c’est-à-dire l’ancien village.

Clocher d'une église et avion dans le ciel à Goussainville
MMV/Val d'Oise Tourisme

J’ai trouvé sur le site internet du Grand Roissy un parcours à suivre pour découvrir le lieu, avec quelques explications sur les points d’intérêt.

Garée sur la place tout près de l’église, j’admire aussitôt ce magnifique édifice religieux qui surplombe la rue et semble trôner en majesté au-dessus des environs. Son grand clocher élancé, avec ses subtiles décorations sculptées dans la pierre, apparait comme le rappel d’un passé historique grandiose.

Passant le long d’autres vestiges sûrement anciens, je rentre dans un joli parc dont les grands arbres apportent un ombrage apaisant. Il parait que quelques caves ont été découvertes de ce côté. Datées du Moyen-Age, elles laissent penser qu’il y avait peut-être là un ancien château. D’ailleurs, le très imposant bâtiment des écuries, en pierre de taille, que j’ai vu en entrant, montre à quel point les seigneurs locaux devaient être puissants et riches ! Ambiance Histoire !

Dans le parc, isolée, comme une grosse verrue, une ruine ! Les restes d’une demeure qui devait être superbe autrefois ! Ecroulée ? Démolie ? En tout cas, je vois bien que certains curieux s’y sont aventurés, forçant les palissades qui en interdisent l’accès. Voilà que m’apparait toute une partie de l’histoire, plus récente celle-là, de ce village ! Une grande maison abandonnée, des fenêtres murées et le temps passant, les lieux qui se dégradent, aidés par quelques squatteurs et autres visiteurs pas très respectueux.

Photo d'un avion survolant des ruines au-dessus du village de Goussainville
Avion survolant des ruines au-dessus de Goussainville
Femme de dos, montant les marches d'une ruine dont la façade est recouverte de graffitis à Goussainville
© MVV/Val d'Oise Tourisme

Beaucoup de tags aussi ! Mais paradoxalement, ce qui était perçu comme des dégradations il y a quelques années, devient aujourd’hui un mode d’expression artistique ! Certes pas tous !! Mais malgré tout, notre regard a changé et la superposition de graffitis moches finit par donner des créations intéressantes ! Et je m’étonne de passer du temps à les admirer et à les chercher malgré moi. Ambiance Street Art !

Bon, je reprends ma balade jusqu’Au Paradis. Oui, oui le Paradis ! C’est le nom d’un ancien troquet dont l’enseigne dédoublée nous donne l’impression d’avoir bu avant même d’être rentré !! Déjà en 1899 l’instituteur râlait sur le fléau des bistrots : à son époque, à peine 500 habitants et 10 bistrots dans le village !! Allez, ne rêvez pas, le Paradis est fermé ! Et si vous avez soif, j’espère que vous avez amené votre bouteille…

Photo de la rue de la façade du Café 'Le Paradis'
Ville de Goussainville
Photo des vergers, Goussainville
MVV/Val d'Oise Tourisme

Je descends rejoindre le sentier en terre dans le bas du village qui suit le lit de l’ancien ruisseau, maintenant canalisé en souterrain. C’est vraiment le côté champêtre que je retrouve en longeant les jardins. Je vois bien dans le haut les maisons alignées sur la rue, chacune ayant sa parcelle de terre étroite et longue qui descend jusqu’à moi. Sur ce bout de terrain, chaque famille cultivait autrefois son potager, entretenait ses arbres fruitiers, installait son poulailler et engraissait parfois son cochon. Ambiance campagne !

La dernière partie de la boucle de mon parcours se fait par la rue principale : la Rue Brulée ! En revenant vers l’église, je retrouve, comme tout à l’heure, des maisons abandonnées, murées, taggées… Sauf une école « vivante » (j’entends les voix des enfants qui jouent en récré) toute belle, à l’architecture typique des années 30.

En voyant le lierre s’accrocher aux façades, la peinture s’écailler sur les volets pendants, parfois quelques objets de la vie quotidienne qui restent dans ces ruines, je comprends pourquoi ces lieux insolites attirent régulièrement les passionnés d’Urbex. Autrement dit exploration urbaine, les initiés se refilent discrètement des adresses de sites abandonnés et viennent ressentir la vie qui auparavant animait ces endroits. Respectant, eux !, les sites dans lesquels ils se glissent, le côté secret et mystérieux qui entoure cette activité vient de l’interdiction d’accéder à des propriétés privées et au danger qu’il peut y avoir à s’y introduire. Malgré tout, on peut comprendre la tentation qui anime de plus en plus d’adeptes, amateurs de sensations fortes. Ici c’est garanti ! Ambiance Urbex !

Graffs à Goussainville
JP Calvet
Photo de Goussainville Vieux Pays
Val d'Oise Tourisme

Alors pourquoi ce lieu a-t-il été déserté par ses habitants ? Même si quelques maisons semblent encore habitées, pourquoi beaucoup ont-elles été laissées à l’abandon ? Croisant dans la rue un habitant à pied qui semble peu pressé, je l’interroge. Philippe m’explique que c’est l’installation de l’aéroport Roissy Charles De Gaulle (en 1974) qui a tout changé. A l’origine, tous les avions décollaient sur l’unique piste à moins d’un kilomètre et passaient, réacteurs à fond, à peine arrachés du sol, au-dessus du village. Le bruit était épouvantable, on ne s’entendait plus causer. Sans parler du Concorde dont les moteurs puissants grondaient quotidiennement et faisaient trembler les vitres des maisons. Beaucoup sont donc partis.

Mais alors, ceux qui sont restés ? Sont-ils tous sourds ? Non, ils se sont résignés à entendre passer les avions. Ces irréductibles goussainvillois ont sacrifié le calme à l’attachement qu’ils avaient pour leur vieux village.

Quand je suis venue me promener, le COVID avait quasiment stoppé la circulation aérienne. Très peu d’avions sont passés au-dessus de ma tête, même si je me suis quand même dis en les voyant qu’ils volaient étrangement bas dans le ciel ! En temps normal, d’après Philippe, ce sont quasiment 400 avions qui passent tous les jours (et un peu la nuit !) au-dessus du vieux pays de Goussainville. Ambiance… !

Ils en parlent

Nom de l'auteur
Marie-Valérie VAVASSEUR - Val d'Oise Tourisme

Je retrouve (...) des maisons abandonnées, murées, taggées… Sauf une école « vivante » (j’entends les voix des enfants qui jouent en récré) toute belle, à l’architecture typique des années 30.

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