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Balades en train sur les pas de
Jean Gabin

L’acteur Jean Gabin a toujours adoré les trains. Déjà, étant enfant, il les observait depuis la fenêtre de sa chambre, sous les toits de sa maison d’enfance, à Mériel, se rêvant devenir conducteur de locomotive. Il exhaussera son vœu dans le film La Bête humaine, de Jean Renoir. A l’occasion des 120 ans de sa naissance, il est né le 17 mai 1904, nous vous proposons une balade dans le Val d’Oise à la découverte de son enfance et de ses films. En train, bien-sûr !

Au départ de la gare du Nord (ligne H)

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1. Mélodie en sous-sol

Gare du Nord + Sarcelles St Brice (directions Persan-Beaumont via Montsoult ou Luzarches)

En 1963, Jean Gabin se rend à Sarcelles pour tourner Mélodie en sous-sol, film où il incarne un malfrat qui veut s'offrir un dernier casse : cambrioler le coffre-­fort du Palm Beach, à Cannes.

Au début du film, sorti de prison après une longue peine, l'acteur prend le train à la gare du Nord et descend en gare de Sarcelles. De là, il tente de retrouver son vieux pavillon. Mais depuis, le quartier de Sar­celles-Lochères est né et sa maison est désormais entourée de tours qui ont poussé comme des champignons. Tout en marchant, le héros constate que la vieille commune qu'il a laissée a bien changé : la rue Théo­phile-Gautier où il résidait, n'existe plus. Elle a été rebaptisée boulevard Henri­ Bergson.

« Bah ! Ils n'ont tout de même pas rasé ma cabane, Ginette m'aurait écrit, s'ex­clame-t-il, les mains dons les poches ... Et ben ! Dire que j'avais acheté ici pour les arbres et puis pour la zone verte ... C'est devenu New York la zone verte. »

Le quartier de Lochères, symbole des grands ensembles qui ont poussé autour de Paris à la fin des années 1950 est accessible par bus depuis la gare Sarcelles-Saint-Brice. Il est aussi possible de se rendre à la gare de Garges-Sarcelles, où fut tourné le film, via le RER D.

2. Gas Oil

Depuis la gare d'Enghien-les-Bains (direction Persan-Beaumont via Valmondois)

A deux kilomètres à pied de la gare d’Enghien, la ville de Montmorency propose de multiples sites à visiter, à commencer par la collégiale ou le musée Jean-Jacques Rousseau.

Les fans de Jean Gabin pourront également se rendre à l’espace Château-Gaillard, aujourd’hui salle Lucie-Aubrac transformé en garage automobile et poste d'essence pour les besoins du tour­nage Gas-oil, film tiré du roman « Du raisiné dans le gas-oil » de Georges Bayle.

Au cinéma, le garage débouche directe­ment sur la place Roger-Levanneur. En fait, ce bâtiment donne sur une placette créée en 1834 à l'emplacement du car­refour de la Poterne.

Gas-oil, réalisé par Gilles Grangier, raconte une histoire mi-peinture de mœurs mi-aventure policière qui se déroule dans le milieu des routiers. Le scénario est écrit par un jeune dia­loguiste : Michel Audiard. Gabin adoptera très vite ce parolier hors pair et le surnommera le Petit Cycliste parce qu'il avait ambitionné autrefois de faire carrière dans le vélo.

A Montmorency, le tournage nécessita de nombreuses prises en extérieur, tôt le matin, et Jean Gabin appréciait peu le travail matinal. « On ne joue pas la comédie à 9 heures du mat', disait-il fréquemment. »

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3. Le Gentleman d'Epsom

Depuis la gare Champ de course d’Enghien (direction Persan-Beaumont via Valmondois)

En juin 1962, Gilles Grangier tourne sur le champ de courses d'Enghien-­Soisy, Le Gentleman d'Epsom. Richard Briand-Charmery (Gabin), chef d'esca­dron en retraite, profite de la crédulité de certains joueurs qui commettent l'erreur de s'adresser à lui pour un tuyau sur un cheval gagnant. C'est le cas pour Gaspar Ripeux (Louis de Funès), restaurateur tyrannique, qui fait les frais de l'opération. Finalement, Richard joue par erreur un tocard qui gagne la course par inadvertance et le « tubeur » remporte ainsi le gros lot, remettant ses finances à flot.

Jean Gabin connaissait bien le milieu des chevaux puisque, étant enfant, il allait aider régulièrement les Haring, voisins qui possédaient une ferme. Son envie de posséder des terres et d'élever des chevaux lui vint à cette époque.

« Chaque fois qu'il croyait aux chan­ces d'un de ses chevaux, témoignait Bernard Odolant, le régisseur de la Pichonnière, Monsieur Gabin pensait à son père :

"Ah ! si seulement il pouvait m'en gagner une belle, celui-là, pas pour moi mais pour mon père, disait-il." Et il ajou­tait : "Le pauvre vieux a tellement perdu de pognon aux courtines que, de là où il est, ça ne pourrait que le récon­forter de voir son fils leur en reprendre une partie !" »

4. Le Baron de l'Ecluse

Depuis la gare de Gros-Noyer Saint-Prix (direction Persan-Beaumont via Valmondois)

Sorti sur les écrans en 1960, Le Baron de l'écluse est une amusante comédie dans laquelle Gabin virevolte, tant parmi les aris­tocrates que chez les gens du peuple. L'histoire évoque la vie de Jérôme Antoine, un baron qui a gagné un yacht aux jeux. Accom­pagné de sa maîtresse, il se rend depuis Rotterdam à Monte-Carlo par les canaux. Le bateau tombe en panne près d'une écluse et le baron, dans l'attente d'un chèque de dettes qui tarde, est obligé de se faire nourrir à crédit au café de l'écluse.

Une des scènes du film a été réalisée à Saint ­Prix, commune rebaptisée Vernésy et censée être sur les bords de la Marne. Jean Gabin attend un mandat et se rend à la poste du village qui est fermée. C’est ce que lui répond une vieille dame peu sympathique qui réside à côté. La poste est en fait l'ancienne mairie de Saint-Prix et, pour s'y rendre, le comédien a dû traverser Saint-Prix en mar­chant, passant notamment devant la Fontaine aux pèlerins.

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5. Gabin gamin à Mériel

Depuis la gare de Mériel (direction Persan-Beaumont via Valmondois)

Jean Gabin est né à Paris le 17 mai 1904, mais il a grandi à Mériel, sur les bords de l’Oise. Il réside dans une longue et étroite maison coincée entre la Grand­-Rue et la rue Théodore-Rousseau, à deux pas de la gare. De sa petite fenêtre, sous les toits, il contemple pen­dant des heures les trains qui passent là, au fond de son jardin.

Son rêve : devenir mécanicien à la SNCF ou fermier. Surtout pas le métier de son père qui est comédien de caf’conc’, où l'on est obligé de rester chez soi pour apprendre des textes par cœur qu'il faudra réciter devant les autres. Pourtant, en 1922, son père, prétextant un rendez-vous avec un garagiste, emmène son fils ren­contrer l'administrateur des Folies-Ber­gères qui l'engage comme figurant. Six ans plus tard, il est remarqué par Mis­tinguett. Jusqu’à la guerre, il va enchainer les chefs d'œuvre.

Si le musée qui lui est dédié depuis 1992 est actuellement fermé pour travaux, Mériel offre plusieurs sites de promenades dédiés au grand acteur : la croix de Montebello sur laquelle écrit cette épitaphe qu’il clamera toute sa vie : « Nul ne sait ni le jour ni l’heure ! », le chemin de croix peint par sa sœur dans l’église, la tombe familiale, les bords de l’Oise qu’il aimait arpenter étant enfant, le souterrain de la gare SNCF qu’il empruntait pour aller au turbin et qui propose une magnifique fresque le représentant, et bien-sûr l’extérieur de sa maison d’enfance, toujours présente, mais qui malheureusement ne se visite pas.

6. Rue des prairies

Depuis la gare de L’Isle-Adam – Parmain (direction Persan-Beaumont via Valmondois)

Dans Rue des prairies, Jean Gabin est un ouvrier parisien qui travaille sur un chantier de Sarcelles. L'endroit contraste avec la petite rue de Paris dans laquelle il réside et, surtout avec la plage de L'Isle-­Adam où il se retrouve le dimanche avec son fils (Claude Brasseur), sa fille Marie-José Nat) et le fils adultérin de sa femme (Roger Dumas), morte lors de son accouchement. Ils dansent alors sous le kiosque du restaurant.

Des scènes de guinguette sont réalisées aux abords du kiosque qui permettent à Jean Gabin de révéler ses talents de danseur. A l’issue d’une des prises, il accepta alors de revenir dans ses souvenirs :

« L'Isle-Adam n'est point pour moi une ville inconnue. C'est qu'en effet j'ai habité durant de longues années à Mériel où réside toujours ma sœur et où je possède encore un terrain. Sportif passionné, je pratiquais sous les cou­leurs de l'US Méry et, tout jeune, je vins à L'Isle-Adam. Il n'y avait pas de plage, pas de piscine. Tout cela a été fort bien aménagé et l'on doit dire que L'Isle­-Adam est devenue une ville fort coquette et fort attrayante. »

Aujourd’hui, la ville continue d’attirer les Parisiens et dispose toujours d’autant d’atouts pour contenter les visiteurs. La plage ouvre ses portes durant l’été et le restaurant, lui, reçoit toute l’année. Et le kiosque à musique est toujours là !

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7. Chiens perdus sans collier

Depuis la gare de Persan-Beaumont

A la fin du mois d'avril 1955, l'équipe de Chiens perdus sans collier se retrouve plusieurs jours sur les bords de l'Oise, à Beau­mont. L'histoire traite d'un juge, joué par Gabin, qui s'attendrit sur le cas de trois gamins de l'assistance publique devenus délinquants et tente de les remettre dans le droit chemin. Le troisième d'entre eux, Gerard, fils d'une prostituée, s'est enfui pour la retrouver, elle et son amant acro­bate, qui vivent sur les bords d'un fleuve. Le juge les rejoint au moment où une fête foraine s'est installée sur place.

Ces scènes qui clôturent le film ont été réa­lisées au pied du pont qui sépare Beaumont de Persan, près de l’ancienne piscine. L'une d'entre elles voit l'acrobate, interprété par Robert Dalban et doublé par le funambule allemand Fabin Traber, traverser l'Oise sur un fil de fer, à vingt mètres au-dessus du sol. Entouré de Dora DolI, Jean Gabin regarde la scène, enfoncé dans un fauteuil de toile, insensible à la foule qui va et vient autour de lui, un béret basque enfoncé jusqu'aux oreilles.

« Tiens, je me rappelle en 14, j'ai vu sauter ce pont-là, c'était pas beau, racontait-il. J'habitais Mériel à cette époque. J'y retourne de temps en temps. Mon instituteur à Mériel, c'était le père Duvernois. Son petit-fils doit bien habiter dans le coin. Puis, après la communale, j'ai travaillé à Persan et à Montataire, dans des usines ... »

Au départ de la gare Saint-Lazare (ligne J)

8. Le Jardinier d'Argenteuil

Depuis la gare d'Argenteuil

En 1965, Gabin quitte sa Normandie d'adoption pour venir à Argenteuil et sur la Côte d'Azur pour y tourner Le Jar­dinier d'Argenteuil, film de Jean-Paul Le Chanois, sur des dialogues d'Alphonse Boudard et une musique de Serge Gainsbourg. Il y joue le rôle du père Tulipe, homme facétieux qui vit dans une curieuse retraite - un wagon immo­bilisé au milieu d'un terrain dans le quartier d’Orgemont - et qui cultive tranquillement son jardin tout en fabriquant de la fausse monnaie. 

L’acteur revenait dans la ville qui l’avait accueilli, déjà, en 1952, à l’invitation du ciné-club pour lui rendre hommage. Une ville qu’il connaissait bien puisqu’il y venait étant jeune :

« Quand j'étais gandin, je venais guincher au Soleil d'Or ... Ça existe tou­jours ? On y dansait des javas de pre­mière. Les musiciens étaient perchés dans une loggia au-dessus de la piste. Un vrai repaire de Peaux-Rouges. Le samedi soir, les ouvriers venaient y gambiller aussi et ça se terminait par des rixes ... Le patron avait fini par fixer au plancher les tables et les chaises, mais il n'a jamais trouvé de solution pour les bou­teilles et les verres... Dans les bagarres, ça valsait ! »

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9. Le Drapeau noir flotte sur la marmite

Depuis la gare de Sannois (direction Ermont-Eaubonne)

Victor (Jean Gabin), épicier et patron tyrannique, ne cesse de parler à sa famille de son passé de marin, bien que ceux-ci ne l'ont jamais cru. Lorsque son neveu gagne un concours de maquette de bateau et est chargé d'en construire un à échelle réelle, Victor tente de s'imposer comme le patron de la petite équipe...

Le tournage du Drapeau noir flotte sur la marmite a donné à Gabin l'occasion de revenir au moulin de Sannois, après y avoir guinché quand il était jeune. Le restaurant est l’un des bars que fréquente l’acteur dans le film, là où il demande un verre d’eau du robinet, qu’il nomme « eau municipale ! ». Il y explique aussi ce qu'est réellement un vrai whisky de flibustier.

Le moulin existe toujours, le restaurant qui est attenant, aussi ! Parfois, le patron offre l’occasion aux derniers clients de descendre au sous-sol du bâtiment qui cache un magnifique manège forain, classé aux monuments historiques.

Invité dans l'émission de Pierre TcherniaMonsieur cinéma, Gabin expliquait qu'il portait sa véritable casquette de marin dans le film, et que le titre lui avait été emprunté par Audiard. Pour expliquer la traversée du désert que l’acteur a subi juste après la guerre, il avait coutume de raconter que « le drapeau noir flottait sur la marmite ».

10. Voici le temps des assassins

Depuis la gare d'Herblay-sur-Seine (direction Pontoise)

Dans Voici le temps des assassins, sombre titre emprunté à Rimbaud, Gabin incarne un restaurateur des Halles qui est séduit par la jeune fille (Danièle Delorme) qu'il a recueillie. Celle-ci l'épouse avant de séduire son fils adoptif et tente de faire assassiner son mari par son amant.

Début décembre 1955, Gabin et Danièle Delorme jouent un tête-à-tête final dans une frêle barque de pêche voguant sur la Seine, au niveau au Val d'Herblay. La brume et le froid, qui apportent une atmosphère particulière chère au metteur en scène Julien Duvivier, ainsi que le passage de nombreuses péniches, ont rendu la tâche du cinéaste très délicate. Sans relâche, les machinistes ont changé le matériel de place. Le pauvre goujon vivant que Jean Gabin doit pêcher a dû être changé plusieurs fois tant les nom­breuses plongées successives pour les besoins de la scène en eurent vite rai­son.

La caméra est encore fixée sur un ponton que déjà des techniciens arro­sent copieusement la chaussée pour la scène suivante au cours de laquelle Gabin et Delorme doivent descendre d'une Aronde bleue. Cent fois les machinistes ont dû modifier les angles des projecteurs.

Si tout le monde a fini par partir, la venue du grand Gabin est restée long­temps gravée dans la mémoire des Her­blaysiens, peu habitués à une présence aussi charismatique.

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L'anecdote de fin :

Contrairement à ce que l’on pourrait croire lorsque Jean Gabin arrive en gare de Pontoise dans "Deux hommes dans la ville", la scène a été en réalité tournée en gare de Meaux.

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